Les sols raclés désagréablement et les murs brutalisés par des portes impatientes d’ouvrir leur gueule béante, les élèves sortirent en masse des salles de classe. Des cris de joie se firent alors entendre en dehors des salles de cours. L’héritière Adams se plut à penser que ce devait être des Sang-de-Bourbe ou des Traitres à leur sang qui hurlaient dans le but d’attirer un représentant du sexe opposé. Imbécile peuplade primitive. La jeune fille haussa les sourcils et rangea tranquillement ses affaires, non pas parce qu’elle se plaisait dans cette salle crasseuse en compagnie de ce professeur bigleux et pervers, mais plutôt par obligation : il n’était pas question pour elle de se mélanger avec ces idiots.
En sortant, elle adressa un bref salut à son professeur, plus par intérêt que par politesse (eh, il faut bien se mettre des profs dans la poche pour gagner des points !) et s’engouffra dans le couloir du cachot. Son cours de Potions étant le dernier d’une journée très sympathique, elle était à présent libre de faire ce que bon lui semblait. Son sac étant relativement léger, la Cinquième Année ne jugea pas nécessaire de le poser dans son dortoir qui devait fourmiller à présent de Premier Année ayant un QI n’excédant pas celui de l’huitre. C’est donc avec son sac en bandoulière que la jeune fille se dirigea sans buts précis, dans les couloirs sombres des cachots.
Alors qu’elle allait pousser une porte en bois de hêtre rongée par l’humidité, la jeune fille sentit une main se poser sur son épaule. Elle se retourna lentement, le visage sans expressions et reconnut un visage familier. Jack. Son frangin. Gardant toujours cette expression d’indifférence, la jeune fille l’interrogea du regard, ne jugeant pas nécessaire d’utiliser ses cordes vocales pour ce sale, ce Gryffondor. Après quelques secondes où les deux se dévisagèrent, le Quatrième Année lui offrit un de ses sourires qu’il n’utilisait que dans les situations contraires à l’avantage de sa sœur. Il lui annonça qu’un certain Mathieu s’était épris d’elle. Interloquée et éhontée que son frère ne vienne la voir que pour une chose aussi anodine, l’aînée Adams ne répondit rien et laissa en plan son frère. Que dire devant une telle sottise ? Il n’était pas rare qu’une personne vienne la voir et lui demande de sortir avec elle ou, tente de lui arracher un sourire dans le but d’ensoleiller cette beauté glacée. Elle était jolie et elle le savait.
A présent au Troisième Etage, celui des Érudits du Travail, celui de la bibliothèque, la jeune fille marchait de bon train. Sentant sa gorge peu à peu se resserrer sous la soif, elle esquissa un mouvement vers son sac, y prit une bouteille d’eau minérale, la porta à sa bouche et… Inonda ses vêtements, ainsi que ceux de la personne qui lui était rentré dedans…